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"Souvenirs d'août" - 3 -

St-Ursanne/Les Rangiers, le 18 août 1968 : intouchable sur ses terres…

Privée de circuit depuis la catastrophe des 24 Heures du Mans en 1955 qui a causé la mort de 88 personnes, la Suisse ne représente évidemment pas le terrain de jeu idéal pour Jo Siffert à partir du moment où il a décidé – nous sommes en 1960 – de tracer sa voie en sport automobile avec des ambitions élevées, après une approche en compétition vécue en moto (1957-59) et en sidecar (1958-59).

Néanmoins, profitant des rendez-vous à caractère international proposés par les organisateurs de Sierre-Montana-Crans (en 1960 sur une Stanguellini de Formule Junior) et de Ollon-Villars (en 1960 avec la même Stanguellini, en 1962 avec une Lotus Formule Junior et en 1963 sur sa Lotus-BRM de GP) dont les manifestations figurent en alternance au calendrier du championnat d’Europe de la montagne, il va s’y produire mais sans parvenir à s’immiscer à la victoire absolue.

C’est sur le tracé ultra rapide menant de la bourgade de St-Ursanne au col des Rangiers que Siffert va par contre marquer les esprits : le rendez-vous jurassien ne compte pas encore comme manche de ce championnat mais il jouit d’une renommée grandissante dans le « milieu ». Et en l’espace de quatre éditions (1965 avec une Brabham F1, 1966 avec une Cooper F1, 1967 avec une BMW F2 et 1968 avec une Lotus F1), le Fribourgeois en devient la vedette, s’adjugeant à chaque fois la victoire au « général » ! Et quand les nuages ont eu la bonne idée de ne pas déverser des trombes d’eau sur la région, en fixant régulièrement un nouveau record du parcours.

En 1968, sa présence intervient quatre semaines seulement après son triomphe dans le GP d’Angleterre. Avec exactement le même matériel – une Lotus-Ford 49B – qu’il utilisait à Brands Hatch lors de son exploit ! Plus de 25'000 spectateurs ont alors les yeux de Chimène pour ce Suisse, premier pilote du pays dans l’histoire à s’être imposé dans une manche du championnat de F1. Et ils ne repartiront pas déçus…

Sur les terres du canton de Fribourg, comme pour remercier ses fans de leur soutien et de leur fidélité, tout en se souvenant d’où il vient malgré sa notoriété qui ne fait que croître aux quatre coins du globe, Siffert accepte l’invitation des responsables de la course de côte de St-Antoni-Obermonten ; avec des F1 hybrides (une McLaren/Oldsmobile en 1968 et une Brabham-Repco en 1970), il fait le bonheur du public venu en masse. Et eux aussi, une fois la démonstration offerte, s’en retourneront la tête remplie de (bons) souvenirs…