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"Souvenirs de juillet" - 1 -

Watkins Glen le 13 juillet 1969 : à la conquête des Etats-Unis…

Petit rappel avant de jeter un nouveau regard dans les rétroviseurs des exploits de Jo Siffert : en 1969, cela fait cinq années que Porsche a lancé sur le marché son modèle 911. Sa réussite commerciale, quoiqu’encore en phase de consolidation, est incontestable. Les formes de cette machine à caractère sportif ne laissent pas insensibles les esthètes. Sans parler de ses arguments mécaniques. Le générique d’une voiture qui, cinquante ans plus tard demeure encore et toujours une « success story », est en marche...

Sur le plan purement sportif, la maison        Porsche atteint enfin ses objectifs : à la fin de la saison 1969 en effet, elle s‘apprête à décrocher son premier titre de champion du monde des marques ! Après une approche qui s’est étalée sur une vingtaine d’années, en s’étant illustrée dans les diverses catégories de la compétition automobile, y compris la F1 et les rallyes. On l’a dit dans une précédente rubrique : à cette époque (mars), il y a la naissance de la formidable 917 qui traduit la volonté de ses dirigeants de se hisser définitivement sur le toit du monde.

Revenons à la 911 de route qui commence aussi à « cartonner » outre-Atlantique. Mais pour lui donner un coup de fouet supplémentaire en matière de publicité et de reconnaissance, quoi de mieux que les retombées liées à la course. Bien sûr, il y a déjà Daytona et ses 24 Heures, les 12 Heures de Sebring et les 6 Heures de Watkins Glen qui offrent de belles vitrines en la matière. Mais il y a aussi une série d’épreuves intitulée CanAm se déroulant uniquement aux USA et au Canada qui vaudrait bien la peine d’être visitées afin de s’y illustrer.

Jo Siffert en sera le pivot. Au lendemain de sa victoire dans les 6 heures de Watkins Glen – soit le samedi 12 juillet 1969 – le voilà pour la première fois au départ d’une manche de la CanAm. Avec une « simple » 908 spider et un 6ème rang comme résultat. La suite ?

Le même été, avec l’aide de l’usine et d’une équipe de poche dont l’ancien pilote de F1 Richie Ginther et Rico Steinemann, son directeur sportif, Porsche lance dans le bain une version spider de sa 917. Avec le logo Porsche, évidemment, mais également de…Audi sur ses flancs !

Cinq semaines après Watkins Glen et son coup d’essai, Siffert se retrouve ainsi « pour de vrai » au départ de la course de Mid-Ohio/Lexington avec ce petit monstre baptisé PA (Porsche-Audi justement) de 620 chevaux. Les bons classements, quelques exploits face aux gros cubes que sont alors les McLaren de Denny Hulme et de Bruce McLaren grâce (notamment) à la fiabilité légendaire des produits allemands vont finir par étonner puis convaincre les observateurs yankee, réputés pourtant longs à la détente vis-à-vis de tout ce qui provient de la « vieille » Europe ! Siffert termine 5ème de la série en ayant même loupé trois manches sur les huit inscrites au programme !

En 1971, l’expérience est renouvelée. Toujours avec une mini structure dont le Fribourgeois a pris les commandes, entouré par ses mécaniciens Hugo Schibler et Edi Wyss. Toujours avec un spider de type 917-10 dont la couleur est passée du blanc au rouge. Et toujours avec des prestations de qualité, ponctuées par trois podiums et un 4ème rang final. Porsche est désormais « adopté » en Amérique du Nord. Avec des ventes qui explosent et une renommée qui va grandissante. A Stuttgart, les « huiles » de la finance et du marketing peuvent dire « merci Siffert » : il s’est révélé être (à nouveau) un redoutable ambassadeur de la marque…