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"Souvenirs de juin" - 3 -

Rouen, le 28 juin 1970 : un lot de consolation…

Après cinq saisons de vie commune (1965-69) avec pour point d’orgue la victoire historique dans le GP d’Angleterre de F1 à Brands Hatch le 20 juillet 1968, Rob Walker – propriétaire du team éponyme – et Jo Siffert qui lui doit beaucoup décident d’un commun accord de se séparer. Sans le moindre nuage dans leurs relations qui ont toujours été marquées par le sceau du respect et de la reconnaissance mutuels.

Avec le soutien de…Porsche qui tient à le conserver à tout prix dans ses rangs pour défendre son titre mondial en endurance et en dépit des incessants appels du pied de Ferrari, Siffert rejoint alors la toute nouvelle écurie britannique March. Nous sommes au début de 1970. Cette union va se révéler un fiasco. Siffert, accablé par la malchance et les revers mécaniques de tout bord, va clore son exercice avec un zéro pointé malgré quelques solides prestations comme à Monaco et à Hockenheim…

Heureusement, il y a les courses d’endurance, toujours avec Porsche (victoires à Spa, à la Targa Florio et à Zeltweg) mais également de F2 qui vont contrebalancer ses désillusions en GP. Et constituer des lots de consolation !

Depuis 1967, il est intégré à l’usine BMW. Après une approche à tâtons (en collaborant avec les Anglais de Lola pour l’élaboration du châssis) ponctuée par quelques belles performances comme en avril 1969 lors de l’Eifelrennen sur le Nürburgring (« pole-position » et 2ème place en course pour Siffert), l’usine bavaroise a définitivement pris ses marques et devient un concurrent majeur de cette discipline, l’antichambre de la F1.

L’année suivante, avec Jacky Ickx comme équipier, Siffert en est le porte-drapeau pendant qu’un autre pilote suisse – Clay Regazzoni – y fait son trou ; et quel trou puisqu’en milieu de saison, il débute en GP (et en fanfare avec un 4ème rang à Zandvoort/Hollande) au sein de la Scuderia Ferrari puis remporte le GP d’Italie à Monza au début septembre !

En F2, c’est d’ailleurs le Tessinois qui donne beaucoup de fil à retordre à Siffert ; mais le 28 juin 1970, au bout du suspense et des deux manches de course, il s’impose face à lui sur l’ultra rapide circuit de Rouen-Les-Essarts. Six semaines plus tard, dans la fournaise de la Sicile et du circuit d’Enna-Pergusa, c’est le Tessinois (Tecno) qui prend sa revanche après une empoignade tout aussi palpitante.

Deux Suisses au firmament du sport automobile : voilà l’époque bénie qui était alors d’actualité ; pratiquement chaque quinzaine, que ce soit en F1 ou en F2 avec Siffert et Regazzoni pour protagonistes. En faisant souvent la « une » des journaux du monde entier.  Cinquante années se sont écoulées ; et ce n’est pas demain la veille que nous devrions pouvoir revivre ce genre d’émotions…