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"Souvenirs de juin" - 2 -

Les 24 Heures du Mans (les 13 et 14 juin 1970) : la cruelle désillusion…

Au milieu de chaque saison du championnat du monde des marques (endurance), à l’heure du solstice d’été soit à la mi-juin, il y a une course qu’aucun pilote, aucun constructeur, aucun team digne de ce nom, aucun équipementier (moteur ou pneumatique) ne veut manquer et surtout y imposer sa loi : les 24 Heures du Mans. Deux tours d’horloge à fond de train, dans des conditions souvent compliquées, suivis au bas mot par 250'000 spectateurs et des millions de téléspectateurs rivés devant leur écran. Un événement, un vrai…

Jo Siffert n’est pas différent des autres au moment où il se rend dans la Sarthe pour la première fois, en 1965 : il piaffe d’impatience et veut s’y mettre en évidence. Au volant d’une Maserati Tipo 65 préparée à la va-vite, il doit très rapidement déchanter ; mais il a hâte d’y revenir tenter sa chance.

A partir de 1966, c’est pour le compte de l’usine Porsche qu’il va s’aligner au Mans ; après des prestations de très bonne facture (4ème en 1966 avec le modèle 906/6 et l’Anglais Colin Davis pour coéquipier et 5ème l’année suivante sur la 907/8, épaulé par l’Allemand Hans Herrmann, avec à chaque fois le gain du trophée de « l’Indice de Performance » en sus), il va être en mesure de viser la victoire absolue.

C’est ainsi qu’en 1968 (l’édition se tient exceptionnellement à la fin septembre en raison des événements qui ont secoué la France et Paris en particulier), il annonce d’emblée la couleur en réalisant la pole position au volant de sa Porsche 908 L. Mais un ennui mécanique (transmission) douche rapidement ses espoirs.

Idem lors de l’édition suivante : il roule dans le groupe de tête mais son spider Porsche 908 qu’il a préféré au tout récent modèle 917 rend l’âme après seulement quatre heures d’efforts.

Quand il rejoint le Mans en juin 1970, Siffert figure tout en haut de l’affiche : et sa Porsche 917K aux couleurs bleu et orange – la même qui deviendra la star du film « le Mans » avec en vedette Steve McQueen – confirme puisqu’au milieu de cette nuit du 13 au 14 juin 1970, notre homme caracole au commandement avec sept tours d’avance sur son principal poursuivant ! Mais une casse moteur, suite à un surrégime (une erreur de sa part) survient alors et le rêve s’envole.

Le scénario va se répéter en 1971, toujours avec une Porsche 917LH. Définitivement, les 24 Heures du Mans n’auront pas voulu de Jo Siffert et ce sera sans doute l’une des plus cruelles déceptions de sa carrière : celle d’avoir loupé ce rendez-vous mythique après avoir triomphé dans toutes les autres épreuves du championnat du monde des marques, de Buenos Aires à Watkins Glen en passant par Daytona, Sebring, Monza, le Nürburgring, Spa, Zeltweg, Brands Hatch et la Targa Florio !