Retour

"Souvenirs de mai" - 1 -

Spa (Belgique), le 17 mai 1970: Siffert – Rodriguez, duel au paroxysme de la rivalité…

Ils ne cohabitent au sein de la même écurie que depuis quelques semaines ; mais déjà leur rivalité est exacerbée. Après avoir défendu les couleurs de Ford (victoire au Mans en 1968 avec la GT40) et de Ferrari, le Mexicain Pedro Rodriguez rejoint au début 1970 l’usine Porsche gérée alors sur le terrain par une cellule anglaise soutenue par le pétrolier Gulf et dirigée par John Wyer.

Jo Siffert est dans la maison depuis l’été 1966 et son statut de pilote-phare de la marque allemande est incontesté : en signant six victoires sur dix courses dans les manches du championnat du monde des marques 1969, n’a-t-il pas été le principal artisan du (premier) titre mondial glané en endurance par son employeur ?

Deux coqs dans une basse-cour, ç’est la garantie d’avoir du grabuge ! La saison 1970 n’a démarré que depuis cinq courses que déjà Siffert et Rodriguez vont le démontrer. Nous sommes le 17 mai 1970 sur l’ultra rapide circuit de Spa-Francorchamps en Belgique. Au moment du départ des 1000 Kilomètres, la piste est encore humide. Mais qu’importe : nos deux lascars veulent absolument s’emparer du commandement des opérations et n’hésitent pas, dès le premier virage, à se toucher et à rouler portière contre portière. Une image qui fera le tour du monde, merci à la retransmission TV ! La suite sera du même tonneau à plus de…240 km/h de moyenne.

Au final, après l’abandon de Rodriguez, Siffert s’imposera avec l’aide de Brian Redman et leur Porsche 917.

L’année suivante, toujours à Spa, la bataille entre Siffert et Rodriguez va atteindre les mêmes degrés d’intensité et de folie ; et cette fois, c’est le Mexicain qui l’emporte, pour 1/10ème de seconde au bout de quatre heures de spectacle, à une vitesse moyenne toujours aussi vertigineuse.

Les destins de Jo Siffert et Pedro Rodriguez (réunis ici avant le GP de France au Castellet, une semaine avant la mort du Mexicain) s’entremêleront jusqu’au bout : tout en continuant à être équipiers chez Porsche en 1971 (où Rodriguez prend le dessus sur le Fribourgeois, en termes de résultats), ils roulent alors également pour la même écurie en F1 : BRM. Mais leur cohabitation va se résumer à cinq GP : en juillet, Rodriguez se tue en Allemagne dans une épreuve du championnat Intersérie (au volant d’une Ferrari). Trois mois plus tard, c’est Jo Siffert qui le rejoindra dans le mausolée des seigneurs de la vitesse, donnant à cette (courte) histoire une dimension dramatique supplémentaire…